Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionSOMMAIRE INTRODUCTION Les espèces invasives De la nécessité de combattre l’expansion de la renouée du Japon ! Organisation I/ HISTORIQUE, BIOGEOGRAPHIE ET NOTES SYNTHETIQUES SUR LA BIOLOGIE ET L'ECOLOGIE DE LA RENOUEE DU JAPON 1) Introduction 2) Origine de la renouée du Japon en Europe 3) Biogéographie et répartition 4) Biologie et morphologie des deux espèces a) Typonimie / Présentation b) Morphologie c) Biologie de la plante
i. Hybridationii. La reproductioniii. Conquête du terrain
• Les milieux alluviaux• Autres milieux
d) les stratégies de la Renouée
i. Une stratégie de compétiteurs : Les adaptations de la Renouée
ii. Les stratégies intermédiaires de la Renouée du Japon
iii. Les stratégies régénérativesiv. Une Espèce pionnière (Adachi, 1996)
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionINTRODUCTION Les espèces invasives
Les invasions biologiques sont désormais considérées au niveau international comme la deuxième
cause d’appauvrissement de la biodiversité, juste après la destruction des habitats (Mac Neely & Strahm,1997). La prise de conscience du danger des invasions biologiques est toutefois assez récente.
La multiplication des échanges entre les pays et les continents a conduit à importer, volontairement
ou non, de plus en plus d’espèces provenant de territoires plus ou moins éloignés. Parmi ces espècesimportées, certaines apparaissent de manière au moins fugace à l’état sauvage et constituent alors desespèces introduites. Celles qui s’étendent naturellement (sans l’intervention directe de l’homme) constituentdes espèces naturalisées. Pour l Europe, Weber (1997) distingue les espèces naturalisées européennes(espèces indigènes sur une partie de l’Europe, mais ayant étendu sous l’influence humaine leur aire sur cecontinent à certains pays où elles sont naturalisées) et les espèces naturalisées exotiques (espècesnaturalisées originaires d’un autre continent).
Parmi les espèces naturalisées d’un territoire, sont considérées invasives celles qui, par leurs
proliférations dans des milieux naturels ou semi-naturels, y produisent des changements significatifs decomposition, de structure et/ou de fonctionnement des écosystèmes (Cronck & Fuller, 1996). Williamson(1996) a défini la règle des 3 x 10, correspondant à la réduction d’un facteur 10 environ entre le nombred’espèces importées, celui des espèces introduites, des espèces naturalisées et des espèces invasives surun territoire.
D’après Weber (1997), 5% des espèces signalées dans la Flora europaea sont d’origine exotique.
En France, la plupart de ces espèces sont installées dans des milieux perturbés tels que les cultures, lesbords de routes, les friches mais aussi les bords de rivières et les dunes, qui semblent plus sensibles àl’invasion alors que peu d’exotiques sont établies dans des formations végétales naturelles stables quiparaissent plus résistantes aux invasions. Dans les plans d’eau et les rivières, le nombre d’espècesintroduites est réduit mais les conséquences de l’invasion peuvent être dramatiques : interception de lalumière, utilisation de l’oxygène, comblement de certaines zones, gênes de l’écoulement des eaux sontautant d’effets qui peuvent avoir un impact sur le fonctionnement de l’écosystème et sa biodiversité.
L’étape d’introduction d’une espèce va être favorisée si la plante :
• Est abondante dans son milieu d’origine, a une vaste aire de répartition et une large
• Est liée aux activités de l’homme (milieux artificialisés, plantes ou animaux commensaux des
cultures) et bénéficie d’introductions répétées ;
• Possède des moyens de dissémination ou de dispersion performants. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Plus il y aura de points d’introduction, plus les risques de diffusion seront grands. Localement, plus
il y aura de surfaces d’espaces récepteurs potentiels, plus les chances de multiplication seront rapidesToutefois, il existe généralement une phase latente avant que l’invasion n’éclate, soit liée à une périoded’adaptation, soit simplement pour des raisons démographiques.
L’aptitude d’une espèce à s’installer puis à envahir une nouvelle région est une fonction
complexe qui dépend à la fois d’attributs spécifiques de la plante et de propriétés du milieu d’accueil(J.maillet ; ENSAMontpellier). De la nécessité de combattre l’expansion de la renouée du Japon !
Introduite au début du 19 ème siècle en Europe comme plante ornementale, la renouée du Japon
s’est très vite adaptée aux conditions de nos milieux. De large amplitude écologique, elle s’est développéedu Portugal aux pays nordiques avec plus ou moins de réussite. Se développant préférentiellement dans lesmilieux humides, acides à tendance eutrophe, c’est sa nature de compétiteur qui fait d’elle un véritablerisque principalement pour la biodiversité de nos milieux humides.
En effet, sa nature pionnière lui permet de coloniser les milieux naturels perturbés consécutivement à
des travaux ou à une déstabilisation (voies de communications, berges suite à un curage ou à une inondation,talus de voies ferrées.) et de se maintenir sur ces milieux au détriment des espèces locales grâce à diversesadaptations et capacités spécifiques. Le risque est donc d’aboutir à terme à la banalisation des milieuxhumides infestés.
Ce problème est encore compliqué par la difficulté de sa gestion. En effet, ses capacités stress-
tolérantes et sa grande possibilité de régénération font d’elle une plante difficile à éliminer même par desméthodes radicales. Organisation
Cette étude sera décomposée en deux phases :
A/ Une phase regroupant et synthétisant les connaissances acquises par divers chercheurs,
administrations, gestionnaires ou acteurs jusqu’à nos jours. Cette phase ne prétend pas être originale maisregrouper une somme de connaissances afin de permettre une évaluation de la situation locale en ce quiconcerne les Renouées asiatiques.
B/ Une phase d’essais de gestion, originaux ou non (en déduction des informations
collectées), afin de disposer de données locales concernant les Renouées et de leur capacité de réaction. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionI/ HISTORIQUE, BIOGEOGRAPHIE ET NOTES SYNTHETIQUES SUR LA BIOLOGIE ET L'ECOLOGIE DE LA RENOUEE DU JAPON 1) Introduction
Le genre Fallopia Andanson sensu Holub (1971) de la famille des polygonacées
comprend de nombreuses formes biologiques: herbacées, annuelles et pérennes ainsi que des taxonsligneux et des lianes. En Europe, il est représenté par Fallopia dumetorum et convulvus, deux lianesherbacées annuelles, toutes deux autochtones ; les deux lianes pérennes Fallopia baldschuanica et multiflorasont originaires d’Asie.
Ce genre s'appelait dans un premier temps Polygonum ou Reynoutria. Les travaux de (Bailey et
Stace, 1992) en cytologie ont permis la réunion des genres en un seul sous la dénomination Fallopia(Confère annexe).
De la division des spermatophytes, l'appellation commune Renouée du Japon englobe, en fait, deux
espèces: Fallopia japonica et Fallopia sachalinensis. 2) Origine de la Renouée du Japon en Europe
Néophyte d’origine asiatique, elle a été introduit dans les années 1830 en plusieurs endroits en
Europe, et notamment, en France. Elle fût utilisée comme plante ornementale, mellifère, plantée dans leschamps et dans les lisières de forêt en tant que fourrage (bien que peu appréciée) ou encore utilisée commefixatrice de dunes (ses propriétés médicales, utilisées en Asie, ont été délaissées en Europe).
Son origine en Europe serait selon C. Vanden Berghen (Adoxa n°16) une importation de graines
aux Pays-Bas par le botaniste allemand F.P. Von Siebold vers 1830 dans l’espoir que la plante puisse êtreutilisée avec profit comme fourrage pour nourrir le bétail. En effet, au Japon, elle présente un certain intérêtéconomique : ses racines et ses rhizomes sont particulièrement riches en amidon (Fuchs, 1957 dansAdoxa) et ses jeunes tiges sont consommées, soit fraîches soit cuites (Tanaka, 1976 dans Adoxa).
Quoique plusieurs espèces de la famille des polygonacées aient été introduites dans diverses parties
du monde seule Fallopia japonica est devenue réellement invasive. Cependant, il faut savoir qu’il existeplusieurs espèces de renouées asiatiques qui colonisent les espaces naturels français.
Historiquement, Il semble que la Renouée fût peu remarquée en Europe (Belgique, France,
Allemagne et sud de la Grande-Bretagne) jusqu’aux années 30, période à partir de laquelle sa progressionfût très rapide et en particulier après 1945 (Hypothèse : il est possible que son explosion territoriale à cettepériode soit liée après la guerre à l’explosion de la mécanisation, de l’urbanisation, du déboisement dansdes buts agricoles…)
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion3) Biogéographie et répartition
Les Renouées du Japon se sont étendues sur une aire totale de 2000 Km du nord au sud x 2000
km de l’est à l’ouest, de la côte atlantique jusqu’à la Mer Noire, du nord du Portugal et de l’ Espagne(42°N) aux côtes de Norvège et de Finlande (63°N). Elle remonte vers le nord à la faveur des côtes àclimat plus atlantique. Les latitudes occupées varient de 43 à 63°N et 24° de longitude jusqu’à Moscou(Beerling & al, 1994). Les Renouées se trouvent essentiellement dans les plaines alluviales, mais ellesétendent leur aire de répartition aux régions montagneuses de l’Europe centrale, ceci jusqu’à 900 m(Beerling, 1993).
selon l’étude de l'agence de l'eau N°68 (décembre 1997) et une carte de la direction générale du
C.S.P. (1995), Fallopia sachalinensis et Fallopia japonica sont d'ores et déjà largement répandues enFrance.
On remarque sur la carte une présence notable du genre Fallopia au nord d'une ligne Cherbourg
Genève et en particulier dans les départements de l'est (à mettre en concordance avec la forte colonisationen forêt noire en Allemagne). A contrario, sur les pourtours côtiers français, sa présence n'est pas signaléeou ne semble pas représenter une menace pour les gestionnaires locaux. Dans le centre et le sud-ouest, sonimplantation est irrégulière. L'espèce serait, selon l'Agence de l'eau Rhin-Meuse, en expansion d'est enouest.
En ce qui concerne notre zone d'intérêt, de nombreux sites sont signalés officiellement dans la
Somme mais aucun dans le Pas-de-Calais.
Cependant, après enquête auprès de certains acteurs locaux, la Renouée est toutefois présente sur
de nombreux sites (chemins de randonnée et bords de cours d’eau (Authie)). Mais pour l’instant, sadistribution et son importance restent limités ( quelques massifs de 15 à 500 m 2). 4) Biologie et morphologie des deux espèces a) Systématique / Présentation Polygonum cuspidatum (Sieb et Zucc)
Polygonum = « Plusieurs genoux » à mettre en relation avec le nom vernaculaire = renouée. Cette
dénomination fait référence à l'Ochréa (organe de la tige typique des polygonacées)
Ce genre est homogène, regroupant des plantes en général glabres, à tiges plus ou moins renflées
aux nœuds. Les feuilles sont alternes, indivises, présentant à la base une gaine blanchâtre ou papyracée. Lesfleurs sont petites, roses ou blanches, le plus souvent en épis terminaux et les fruits secs, indéhiscents etnucules : akènes à paroi dure (ex : noisette). Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
La distinction botanique entre les différentes espèces, hybrides, plantes polyploïdes et écotypes
est souvent difficile aussi, nous engloberons dans cette synthèse l’ensemble des Renouées envahissantessous le terme générique « Renouée du Japon ». Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionb) Morphologie Systématique :
Fallopia (ou Reynoutria) japonicaou Polygonum cuspidatum(ou sieboldii)et Fallopia sachalinensis
Morphologie générale:
• herbacée érigée pouvant atteindre 3 m de haut
• Rhizome et appareil racinaire de grande taille
• feuilles nombreuses, de grande taille à structure
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionDescriptif morphologique: Feuilles
succession de pousses creuses maintenues par desnœuds puissants pleins qui donnent à la tige une
ressemblance avec des tiges de bambous.
polymorphes en fonction dela taille de la plante mais on
leurs grandes feuillesépaisses et cordiformes.
dizaines de tiges pour former une cépéecaractéristique. Dans ces bottes, les tiges del’année (vertes et cassantes) se mêlent aux tiges del’année précédentes (sèches et rigides) rendant lafauche plus difficile.
Blanches (Fallopia japonica) ou jaune (F. sachalinense),
groupées en inflorescence au sommet des tiges. Elles apparaissentgénéralement en juin pour constituer des grappes plus ou moinsdressées. La pleine floraison s’observe en été (juillet surtout) puis lesfleurs laissent la place aux fruits. Chaque fleur donne un akène à troisailes d’abord blanc puis rougeâtre en se desséchant. Ces fruits secssont portés par les tiges de l’inflorescence avant d’être dispersés par levent.
La graine contient des substances anti-germinatives qui inhibent
sa propre croissance. Un lavage préalable est nécessaire à lagermination.
En Europe, les études montrent un déficit en plantes mâles
fertiles ce qui explique aussi la mauvaise reproduction sexuée constatéeen France. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
On pourrait parler de souche car la Renouée développe un système racinaire ligneux
s’apparentant à une tige souterraine. Ces rhizomes constituent un ancrage puissant dont lacroissance annuelle est importante. Ils portent de nombreux bourgeons « dormants » capables deprendre en charge la croissance aérienne de la plante en cas d’accident de végétation (gel,fauche…). C’est pourquoi la fauche, dans un premier temps, stimule la densité des tiges deRenouée.
De petits morceaux de rhizomes (quelques centimètres) sont capables de produire
rapidement une nouvelle plante. Des morceaux plus importants sont capables de rester vivantsplusieurs années dans le sol ou à l’air libre et de redonner une plante dès que les conditionsredeviennent meilleures.
Les rhizomes peuvent descendre à des profondeurs importantes (2 à 3 m). Les radicelles
nourricières se trouvent essentiellement dans les couches supérieures du sol où elles peuventconstituer un important feutrage à proximité des souches. Les rhizomes sont surtout des organes destockage.
Ils produisent des substances allélopathiques qui engendrent des nécroses sur les racines
Descriptif par espèce :
Fallopia japonica Fallopia sachalinensis
• plante vivace et buissonnante présentant de
• plante vivace à rhizome produisant des tiges
nombreuses tiges de 1 à 2 m, vertes puis lavées
simples de 2 à 3 m, arquées sous le poids du
de rouge comme les pétioles, dressées puis
étalées horizontalement au sommet.
• feuilles alternes, glabres, brièvement pétiolées,
• feuilles alternes, oblongues, caduques, à
pétiole dilaté et tuméfié à la base.
• le limbe est long de 8 à 15 cm et large de 6 à 10 • le limbe est glabre, ovale long de 30 cm et
cm, fortement nervé, vert foncé dessus et vert
plus et large de 15 à 20 cm, à bord ondulé et
• inflorescences axillaires nombreuses, grappe,
• inflorescences axillaires, panicules petits
dressées ou inclinées, fleurissant en août -
portant en période juillet - octobre des épis
grêles, longs de 4 ou 5 cm, les pédicellessont accompagnés de bractées brunes.
• fleurs d’un blanc pur, petites et d’ordinaire
• fleurs petites, d’un blanc crémeux.
• les plants mâles ont 8 étamines et les plants
femelles ont la forme d’un trigone ailé.
• le fruit, de 2 à 4 mm, est rose - rouge. Les
akènes, à trois cotés sont localisés dans un
• les graines sont trigones, petites et de
• Variété : P. spectabile, P. variegata, P. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionc) Biologie de la plante
Les espèces ont la possibilité de s'hybrider avec apparition de taxons polyploïdes ou aneuploïdes
lorsque les conditions deviennent plus difficiles ou que les partenaires manquent.
• Fallopia japonica est fonctionnellement dioïque (fleurs mâles et femelles sur un
même pied) mais Bailey (1980), rapporte qu’en Angleterre la plante est femelle avecdes fleurs mâles stériles.
• Les fleurs apparaissant tard dans la saison (voir stratégies adaptatives). Les graines
sont capables de flotter mais persistance d'un périanthe ailé et du pédicelle quisuggère une dispersion par le vent. Elles nécessitent une dormance avant de germer.
• Reproduction par les rhizomes qui s'allongent de façon continue et radiale par rapport
à la plante mère grâce à l'émission de bourgeons (rhizomes d'une durée de vie de 10ans). Ceci explique l’extension de populations locales de zones fertiles vers des zonesmoins fertiles ou plus stressantes (des bords des rives vers les chemins ou les digues).
• Des études montrent que le tissu du rhizome a un succès de régénération peu commun
(Brock & Wade, 1993) : dans une serre, 4,39 g de rhizome (segment de 4 cm)prélevés sur une plante donnent dans 70% des cas un rejet ; tandis qu’un fragment de0,7 g peut supporter une nouvelle pousse dans 40% des cas. La puissance derégénération du rhizome est le caractère essentiel de cette plante : un fragment dont lepoids frais excède 7,8 g développe un feuillage en 50 jours dans des conditionsnaturelles (Beerlings, 1990).
• Reproduction par les tiges également (favorisé par le fauchage des tiges, confère
• Des fragments de tiges, à la manière du bouturage, sont également capables de
produire de nouvelles pousses mais avec un potentiel de régénération beaucoup moinsimportant : 4,38% (Beerlings, 1994). Toutefois, lorsque ces fragments flottent ou sontplacés dans un milieu très humide, les chances d’établissement d’une nouvelle plantes’élèvent considérablement (Figueroa, 1989). Ceci est spécialement vrai dans deshabitats rivulaires où la rivière devient un agent de dispersion.
• La dispersion se fait par l'eau en milieu alluvial (par arrachement des tiges ou de
morceaux de rhizome) ou extension du système racinaire. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Naturellement fertiles et humides, ces milieux sont particulièrement accueillants pour toutes sortes
de plantes allochtones ayant adoptées les stratégies des compétiteurs. Lorsque ces plantes sont pionnières,elles trouvent perpétuellement de nouvelles niches écologiques favorables, grâce à la régularité desperturbations apportées par les inondations, qui éliminent la végétation présente, ou qui déstabilisentsuffisamment les écosystèmes forestiers riverains pour permettre l’installation de néophytes. Les eauxd’inondations jouent également le rôle de transporteurs favorisant une rapide colonisation vers l’aval.
Ces raisons expliquent qu’une espèce hautement invasive comme Fallopia japonica puisse s’y
plaire et s’y reproduire sans entraves, du moins dans les parties proches du lit mineur. Vers les margesnaturelles du lit majeur, Fallopia japonica rencontre de plus en plus d’obstacles à son invasion, voire à sonmaintien.
Le problème majeur causé par la Renouée pérenne est l’invasion naturelle de terrains perturbés.
Les problèmes paysagers sont souvent associés à des chemins, bords de route et voies ferrées, parking,talus, remblais, berges de bassins ou de cours d’eau et terrains de sports (Conolly, 1997).
Le prélèvement par pelleteuse et le déplacement de terre végétale ou de remblais d’un terrain
abritant une partie du réseau de rhizome contribuent donc à sa fragmentation et à sa dissémination (Bailey,1989).
Une étude de Palmer (1994) à Dolwyddelan en Angleterre a été réalisée sur 69 sites colonisés dans
une vallée proche du Snowdonia National Park. Il en ressort des données en terme d’introduction de laRenouée :
Mode d’introduction Nombre de station Pourcentage
Propagation végétative le long des digues
Dans les matériaux importés pour l’élargissement des routes
Propagation végétative le long des routes
Soit de 40 à 65 % des introductions sont à imputer à l’action humaine (parties grisées)
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Schnitzler et Muller (1998) ont établi une bonne corrélation entre le niveau d’invasion de certains
secteurs du Bas-Rhin et le total indexé des facteurs propices à l’installation de la Renouée. Ils ont pour celaétabli un système de cotation du niveau d’invasion des Renouées et de l’importance des facteurs surl’implantation de la Renouée (voir données). Piémont sud Bruche Nord Bruche Caractéristiques Hydrologiques Débits>3 m3/s
Eaux eutrophisée Caractéristiques sédimentaires PH acide Facteurs biotiques Recouvrement important
d’écosystèmes artificiels (plantation,, cultures, chemins…) Total des points Niveau d’invasion (3=élevé ; 2=sporadique ; 1=quasi absent) 1 : facteur d’impact positif pour l’installation de la renouée 2 : facteur d’impact fortement positif pour l’installation de la renouée 0 : facteur absent
La renouée est un végétal géophyte (à rhizome) ou hémicryptophyte. Au tout début du printemps
(fin hiver), les premiers rameaux aériens issus des rhizomes souterrains sortent du sol. A la fin mars-débutavril (en fonction des conditions climatiques), le bourgeon éclate et laisse apparaître un embryon de tigeportant des ébauches de feuilles.
La tige s’allonge rapidement par étirement des entre-nœuds alors que la masse foliaire reste faible ce
qui permet de penser que cette phase de croissance est essentiellement alimentée par les réservescontenues dans les rhizomes. Les pousses peuvent avoir jusqu'à un mètre de long. La croissance est rapide(3 à 5 cm/jour, voire plus en milieu très humide (4,6 cm selon les calculs de Wolf, 1971)).
Dès que la plante atteint une hauteur lui permettant de dominer ses concurrentes, elle se met à
produire de la masse foliaire tout en se ramifiant vers le sommet. La plante atteint 3 à 4 m de hauteur aubout de deux mois. La floraison a lieu en été et les diaspores sont disséminées en octobre par l'eau ou levent. Une fois à sa taille de maturation, la renouée forme des massifs homogènes plus ou moins importantsselon les conditions endogènes.
La période de croissance intensive est marquée par un fort besoin en eau et en éléments nutritifs qui
fait que la plante atteint son plein développement dans des sols frais et riches en azote. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
En hiver, la tige sèche et lignifiée reste souvent visible jusqu’aux premières neiges qui la cassent
fréquemment. La plante est alors en dormance pour toute la saison froide grâce au rhizome ligneux qui peutrésister au gel. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Sur de nombreux sols, il y a association avec des géophytes comme Ranunculus ficaria,Anemone ranunculoïdes et Gagea lutea (Dierschke et al, 1985). Ranunculus ficaria peut même êtreremarquée à long terme au sein d’une population de Renouée.
En Europe, F.japonica se développe fréquemment dans l’association de Stellario-Petasitetum
(composée de stellaires et de pétasites + végétation associée). (Sougnez et Dethioux, 1975) et envahit lesassociations naturelles de Stellario-Alnetum (composée de stellaires et d’aulnes + végétation associée).
En bordure de cours d’eau, On trouve principalement Fallopia japonica à environ 1 m au dessus
du niveau d’étiage. Cette zone est soumise à de fréquentes immersions qui durent peu de temps car laplante est sensible à l’asphyxie racinaire. Dans ce niveau précis, elle occupe le domaine des Glechometalia(Sukopp et Sukopp 1998 ; Adler, 1993 dans Schnitzler 1997). Sur ces levées, les Renouées se mêlent auxmégaphorbiées (Urtico-Aegopodietum, qui comprennent Artemisia vulgaris, convolvulus sepium,Galium aparine, Heracleum spondylium, Rubus fructicosus, Rumex obtusifolius, Urtica dioica)souvent mélangées à des arbres pionniers (Sambucus nigra, Salix sp.).
Lorsque les inondations emportent l’épaisse couverture de feuilles mortes générées par les
Renouées, peuvent apparaître sous les tiges des géophytes comme Anemone nemorosa, Hyacinthoidesnon-scripta, Gagea lutea, Ranunculus ficaria.Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestiond) les stratégies de la Renouée
(Confère stratégies adaptatives des plantes (Grime, 1979))
i. Une stratégie de compétiteur : Les adaptations de la Renouée
• Présence de gros organes de réserves : les réserves qui s'accumulent grâce à une grande activité
photosynthétique en milieu riche (eutrophe)et sont mobilisables pour la croissance en hauteur,l'expansion latérale des tiges et des racines et la réparation des lésions. L’amidon des rhizomes, selonAdler (1993), représenterait près de 50% du poids sec.
• Rapidité de croissance des organes végétatifs: la croissance des tiges et des racines se fait à
partir des réserves de l'année précédente tôt dans l'année. Elle permet d'atteindre rapidement unplein développement en 2 mois et aussi d'occuper l'espace disponible à une période où lacompétition interspécifique est faible.
• Acquisition d'un feuillage abondant et dispensant une ombre dense: En relation avec la
rapidité de croissance, la Renouée du Japon acquiert très tôt un feuillage abondant. Parallèlement àson statut de pionnière, elle élimine les concurrents par ombrage en période végétative et parl'épaisseur de litière en période automnale.
• Le Gigantisme (confère taille des tiges et du rhizome)
• Adaptation des périodes de fructification et de floraison : La plante repousse la floraison et la
fructification, opérations demandant beaucoup d’énergie, à la fin de l’été (ceci pouvant parfoisaboutir à une absence de floraison en cas d’automne précoce).
• Hauts rendements photosynthétiques : la Renouée est caractérisée par un déploiement foliaire tôt
dans la saison permettant d’atteindre un maximum dès début juin. Cela permet à la plante demaximaliser son assimilation chlorophyllienne pendant l’été (période où les conditions sont les plusfavorables : luminosité, température…). Les rendements incriminés sont de 6 à 13 tonnes / an / hapour les parties aériennes et de 16 tonnes / an / ha pour les parties souterraines (Brock 1995). Cequi place la Renouée parmi les plantes les plus productives de notre flore tempérée.
• Présence de substances allélopathiques : les racines excrètent des substances à base de dérivés
phénoliques qui induisent une nécrose sur les racines des plantes voisines (Barral, 1994).
• Réparation rapide des dommages : Les Renouées répondent aux diverses agressions des
consommateurs (insectes, herbivores, actions humaines…) par une rapide repousse des feuilles oudes tiges, en puisant dans les réserves des rhizomes. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionEtude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
ii. Les stratégies intermédiaires de la Renouée du Japon:
• Un comportement de compétiteur / stress tolérant : Situation de stress : Comportement d’évitement consistant en de rapides ajustementsmorphogénétiques : extension des racines et des tiges pour augmenter la surface d’absorption desnutriments, augmentation de la taille des feuilles…mais les performances sont, dans ce cas,moindres qu’en conditions optimales et l’agressivité de la Renouée vis à vis des plantes autochtonesréduite. Situations proches de rudérales : (faible stress mais perturbations fréquentes : ex : bergesinondées tous les ans) Quoique fréquemment endommagées, les populations se maintiennent grâceà une multiplication végétative active à partir des tiges et rhizomes, ne se développant pleinementque sur les hauts de berges. Situation de stress en écosystème forestier : Absence de la Renouée pour cause de lutte pour lalumière et les nutriments. Mais possibilités d’intégration dans les lisières ou les trouées où ellessubissent une forte compétition de la part des espèces autochtones. Par contre, installation enmasse dans les forêts pionnières ou les peupleraies. Situation de compétitivité maximale :
- Présence continue de lumière ;- Sols fertiles mais dépourvus de végétation à forte résistance à l’invasion.
C’est pourquoi les Renouées sont friandes de milieux alluviaux anthropiquement altérés, avec enparticulier :
- eutrophisation des eaux ;- Suppression des inondations les plus érosives par aménagements hydrauliques ;- Destruction du couvert végétal naturel. (Consulter : Ecologie, biogéographie et possib…Agence de l’Eau Rhin-Meuse)
• Variabilité génétique : Possibilité d’hybridation entre les différentes espèces avec apparition de
taxons polyploïdes ou aneuploïdes lorsque les conditions deviennent plus difficiles ou que lespartenaires manquent (fréquent en Europe où il manque souvent les mâles fertiles). La Variabilité génétique particulièrement grande du genre Fallopia, due à un recours fréquent àl’hybridation et à la polyploïdie (maintenus ensuite par les processus de multiplication végétative),est considérée comme un élément clé du succès des Renouées géantes en Europe.
• Phénomènes de pollinisation : Modification du nombre des pollinisateurs engendrant une
accentuation des hybridations et par conséquent de l’expansion du genre (Beerling & al, 1994) ouadaptation des habitudes alimentaires des pollinisateurs à une source de nourriture abondante quandles autres se tarissent (floraison tardive)(Schwabe et Kratochwil, 1991).
• Existence d’un écotype fixé de Fallopia japonica var. japonica : Adaptationpour la conquête
• Les caractéristiques des semences. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
• Les facteurs de dispersion. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
iv. Une Espèce pionnière (Adachi, 1996) :
La capacité de Reynoutria japonica à croître dans un milieu pauvre tient dans son système spécial
de fixation de l’azote. Les terrains nus sont alors des sites de prédilections pour l’établissement dequelques pieds puis d’un fourré.
Reynoutria japonica forme dans un premier temps une station circulaire dont la surface est variable
suivant les conditions locales. Le nombre de pousses aériennes par unité de surface décroît de lapériphérie vers le centre. Cette distribution spatiale de la densité est l’expression morphologique de larépartition de l’azote.
Les pousses grandissent plus vigoureusement à la périphérie du fourré où la quantité d’azote
contenue dans ces parties aériennes ne peut provenir totalement de l’azote disponible du sol et desprécipitations.
Autre constat, lorsque le rhizome qui se développe radialement du centre vers la périphérie est
rompu, on observe une diminution de la masse sèche des pousses périphériques (75%). Ces résultatssuggèrent que l’azote assimilé et accumulé dans la partie centrale du fourré est transporté via le rhizomeaux pousses de la périphérie. La longue distance de transfert permet de développer d’autres pousses àl’extérieur de la station originelle.
L’utilisation de l’azote transféré est réalisée au début de la phase de croissance des pousses, soit en
début de saison favorable. Une fois leurs propres racines établies, les pousses peuvent prélever l’azotedisponible du sol.
En outre, les feuilles situées à la périphérie du fourré reçoivent une quantité de lumière plus
importante que les feuilles du centre. Leur activité photosynthétique est alors plus conséquente etl’apport d’azote via le rhizome permet une croissance rapide et très compétitive.
Il faut alors considérer le fourré et ses ramifications comme un individu qui fait profiter à ses organes
la répartition efficace des fonctions physiologique vitales. Cette organisation établit la production d’unfourré vigoureux de Fallopia japonica et permet à la plante de « prospecter » le milieu par ses tigessouterraines qui s’étendent radialement. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionSOMMAIRE II/ GESTION DE LA RENOUEE DU JAPON
1) Nuisances potentielles de la Renouée du Japon a) Impacts sur le milieu b) Impacts sur la flore et la faune locale c) Impacts paysagers d) Impacts sur les activités humaines 2) Régulation des populations de Renouée a) Régulation naturelle b) Régulation indirecte (mode de gestion du milieu, aménagements) 3) lutte active contre la Renouée du Japon a) Introduction b) Les moyens de luttes inefficaces ou réprouvés par les auteurs
i. Arrachage de rhizomesii. Piétinement ou pâturage par les animaux
iv. La couverture du sol avec géotextile
c) Les moyens de luttes uniques, efficaces au moins partiellement selon les auteurs.
i. Le premier moyen de lutte : la coupe répétéeii. Le traitement chimique
d) Les moyens de luttes combinés
i. La renaturation des milieux par plantationii. La combinaison fauche – désherbant chimique
e) discussion sur les moyens de lutte et décomposition des actions f) Les méthodes expérimentales Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionII/ GESTION DE LA RENOUEE DU JAPON 1) Nuisances potentielles de la Renouée du Japon
La prolifération des renouées géantes est un problème préoccupant en terme d’impact dans nos
Régions. A tel point qu’elle est parfois qualifiée de « peste verte » par les gestionnaires.
Une étude de Palmer (1994) à Dolwyddelan en Angleterre a été réalisée sur 69 sites colonisés dans
une vallée proche du Snowdonia National Park. Il en ressort en terme de bénéfice/dommages :
Dommages ou bénéfices % de sites concernés
Dégâts sur l’arrangement des revêtements contre les inondations
Compétition agressive sur la végétation plantée
Réduction de la visibilité le long des routes
Pas d’avantages ou inconvénients particuliers
Dans 91% des cas, elle causent des dommages ( écologiques, économiques, pratiques…).
Certains bénéfices peuvent être mentionnés en sus :
• Développement d’un microclimat pour l’herbe de printemps dans les terrains abandonnés ;
• Lieu de repos et de cachettes le long des rivières pour les oiseaux et les loutres ;
• Apport tardif de nectar pour les abeilles et invertébrés en raison de la floraison tardive. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Il est possible de regrouper ces nuisances en catégories :
a) Impacts sur le milieu : • Elles concurrencent l’installation des ligneux (Aulnes, Saules, Frênes…) et des herbacées.
• Ne contribuent pas à la fixation des berges de cours d’eau et même favorisent le sapement
de ces dernières (système racinaire peu développé en dehors des rhizomes).
• Sont un frein au libre écoulement des eaux (les tiges et rhizomes arrachés créent des
embâcles dans les secteurs encombrés).
• Réduisent la diversité physique et biologique des milieux (disparition des caches à poissons,
de la variabilité des ressources alimentaires).
• Du fait de la biomasse importante qui est produite et de la mauvaise décomposition de ses
feuilles, cette plante peut induire des phénomènes des pollutions organiques des eaux et dusol (Notice technique N°6 de la Compagnie Nationale du Rhône). b) Impacts sur la flore et la faune locale :
• Il n’y a pas d’impact en situation naturelle classique (sur des sites non perturbés) car dans
ce cas la renouée n’est pas invasive.
• Sinon, suite à une déstabilisation du milieu combiné avec une faible présence végétale, la
renouée peut éliminer quasiment toutes les espèces présentes sur le site par sa croissanceélevée (ceci incluant la disparition de populations indigènes à fort pouvoir patrimonial).
• La faune indigène n’utilise pas ou peu cette plante (hormis pour quelques insectes butineurs
qui y trouvent quelque nourriture durant la période de floraison).
• Le feuillage crée un ombrage inhospitalier pour les autres espèces herbacées ainsi que pour
c) Impacts paysagers :
• Comme décliné plus haut, les renouées ont, dans certaines conditions, la possibilité
d’envahir complètement un site. Ceci entraîne donc des phénomènes d’uniformisation et debanalisation des milieux.
• En outre, en hiver, les tiges desséchées sont disgracieuses (Confère photographies). Nous
citerons en exemple un riverain de la voie ferrée Auxi - Frévent qui s’est plaint des massifsde Renouée devant chez lui (Fortel). d) Impacts sur les activités humaines :
• Elles provoquent des difficultés d’accès pour les usagers des cours d’eau (pêcheurs,
• Eventuelles dégradations des ouvrages (ponts, vannages…) suite à la création d’embâcles
• Surcroît de travail pour les équipes d’entretien. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Cependant, ces nuisances ne sont vérifiables que sur certains sites et dans certaines conditions
(certains auteurs relativisent les impacts des populations de Renouées en les comparant aux impactsqu’occasionnent les bandes d’orties poussant au bord des cours d’eau eutrophes de plaine). La gestiondes populations de renouées étant une action relativement onéreuse, il convient alors, au préalable à touteaction de lutte, de cartographier les populations d’un secteur homogène défini et de vérifier le degréd’infestation et de nuisance. Ceci permettra de déterminer des modalités d’actions adaptées. Pour cela, ilest possible d’attribuer un coefficient de nuisance (proposé par Yann PHULPIN, 96/97)
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionSystème de notation du coefficient de nuisance des Renouées du Japon Objectif :
Différencier les sites sur lesquelles les renouées remettent en cause desenjeux biologiques, paysagers, sociaux ou économiques. Zone à considérer:
Secteurs homogènes infestés par les Renouées
Calcul du coefficient :
Selon 5 critères en additionnant les points.
o Renouées dispersées avec de nombreuses autres espèces
• Enjeux sur les berges (Accès, circulation…)
• Atteinte à l’esthétique, enjeux paysagers
A ce relevé pourrait s’ajouter une caractérisation du risque pour des espèces indigènes rares ou
menacées (tant au niveau faunistique en terme d’alimentation qu’au niveau floristique en terme decompétition). Détermination de la priorité d’intervention :
• Coefficient inférieur à 14 (soit la moyenne entre une nuisance maximale et minimale): L’élimination n’est pas prioritaire. Mais une surveillance active est conseillée, ainsi que la mise en œuvre de moyens préventifs. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionL’élimination est une nécessité. Mettre en œuvre des moyens curatifs, en liaison avec un programme de lutte contre l’érosion et de recomposition de la ripisylve. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion2)Régulation des populations de renouée a) Régulation naturelle Introduction :
Si en Asie, l’existence de nombreux consommateurs et la vigueur d’autres espèces végétales
atténuent la capacité colonisatrice de la renouée en raison d’une coexistence très ancienne (Schroeder etGoeden, 1986), ces barrières naturelles n’existent pas en Europe. Les Arthropodes :
Parmi les coléoptères polyphages, un seul (en Grande-Bretagne) a été relevé comme
consommateur actif des racines, des rhizomes et du feuillage, pouvant détruire la plante : Otiorhynchussulvatus. Aucun cas de consommation par les insectes phytophages n’a été indiqué en France (voir enannexe le descriptif d’Otiorhynchus et la liste des arthropodes associés à Fallopia japonica proposée parl’agence de l’eau Rhin-Meuse). Les Mycètes :
En revanche, aucun champignon parasite n’a été répertorié au contraire des saprophytes qu’on
trouve nombreux sur les tiges mortes. Les mammifères herbivores :
Ce végétal, susceptible d’être ensilé, constitue un bon aliment nutritif pour les animaux. En Europe,
beaucoup d’herbivores domestiqués consomment les jeunes pousses des Renouées (vaches, moutons,chevaux et ânes). C’est une des causes d’introduction de la Renouée en Europe. En effet, Fallopiasachalinense contient 2,66% d’azote, autant que la luzerne, ce qui en fait une plante à bonne valeurfourragère. Les Oiseaux :
Le moineau domestique consomme les graines toute l’année (ce qui ne pose à priori pas de
problème à la Renouée qui se propage principalement par voie végétative). Les conditions du milieu :
Selon l’étude de Palmer (1994), les analyses n’ont pas permis de démontrer une corrélation entre
la vigueur des fourrés de Renouée et les paramètres mesurés du sol. En outre, les données illustrent lacapacité de Fallopia japonica à croître vigoureusement dans les sols allant de 4 à 8 unités de PH et dansune large gamme d’autres paramètres.
Selon les réflexions de l’étude « Répartition, écologie et possibilité de…., Ch.JAGER, 1994 », les
3 car souvent associées à des peuplements nitrophiles. En effet, la
présence d’Urtica dioïca est souvent constatée dans les zones à renouée de Japon. L’ortie est une des
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
rares plantes pouvant se maintenir dans des peuplements de Renouée mais néanmoins de façon misérable. En outre, il semble que ce néophyte préfère les sols pauvres en calcaire. Les variables du climat :
Une étude menée par Conolly (1977) montre l’influence du climat sur le développement du
néophyte. En effet, il note une corrélation entre la forte pluviosité et la fréquence des sites colonisés. Ilapparaît donc que l’humidité atmosphérique favoriserait l’installation et la propagation de la Renouée.
La répartition des populations de Renouées asiatiques en Europe semble directement en liaison
avec les variables climatiques. Un modèle établi par Beerling et al (1995), utilisant 3 variablesbioclimatiques (moyenne de température des mois les plus froids, la somme annuelle des températureslorsqu’elle est supérieure à 5°C et le rapport entre l’évapotranspiration réelle et potentielle), a permis deconclure que les variables précitées correspondaient bien aux limites biogéographiques actuelles de laplante, dans ses contrées d’origine et ses contrées d’adoption. Donc, F.japonica occupe globalement lamême aire biogéographique en Europe et en Asie du sud est.
Ceci permet d’expliquer la distribution actuelle de la Renouée en Europe notamment au sud. En
effet, cette plante ne dépasse pas le 43 ème degré de latitude caractérisé par le climat méditerranéen à étéssecs. L’absence de précipitations estivales est donc un facteur limitant majeur pour la plante. Le 43èmedegré correspond aussi à l’isotherme 14°C.
Vers le nord, la limite d’expansion de la Renouée correspond à celle de la forêt caducifoliée
(Température moyenne >4°C, nombre de jour de gel<120 jours). Le facteur limitant serait donc au nord,selon Beerling § al (1994), la longueur de la saison végétative, nécessaire à l’accumulation de réserves dansles rhizomes. Cette limite correspondrait pour les mêmes raisons à la limite de propagation en altitude.
Les limites actuelles de la répartition de la Renouée ne sont pas uniquement dues aux facteurs
climatiques. En effet, les études ont montré que d’autres facteurs (compétition interspécifiques, barrièresnaturelles (grandes gorges)) sont impliqués dans la limitation géographique de la Renouée.
La Renouée aurait atteint les limites de son aire géographique dans le monde. Cependant,
l’augmentation des rejets de gaz à effet de serre et l’augmentation de température qu’elle implique pourraitétendre l’aire de répartition de la Renouée vers le nord, l’est et les hauteurs mais réduire au sud pardécroissance de l’humidité. Ces hypothèses restent à confirmer.
Les tiges de la Renouée se caractérisent au niveau anatomique par une grande lacune médullaire ;
ceci semble indiquer des besoins en eau très élevés expliquant en partie qu’on la retrouve très souvent lelong des cours d’eau. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionb) Régulations indirectes (mode de gestion du milieu, aménagements)
L’invasion des Renouées peut être considérée comme un signal d’alarme : elle témoigne d’une
altération du fonctionnement naturel entièrement dû aux exploitations humaines. Plus que l’éradication de laplante elle-même c’est la restauration des systèmes alluviaux et la prise en compte du fonctionnementnaturel du cours d’eau qui semble à long terme être le moyen le plus logique de lutte contre l’invasion de laRenouée.
D’après les secteurs préférentiels de colonisation de la Renouée (créés le plus fréquemment par
l’homme), il semble évident que les meilleures façons d’empêcher son installation seraient :
• Les ripisylves naturelles et les forêts alluviales doivent être traitées de manière douce :
éviter les coupes à blanc et préserver une flore diversifiée couvrant l’ensemble des terrains ;
• La populiculture intensive en bordure de berges ;• Les dépôts de gravats et d’alluvions ;• Les enrochements, les rectifications, les recalibrages… et autres aménagements intensifs
• Le maintien de zones d’expansion de crues qui limite la dynamique des Renouées.
Doivent aussi faire l’objet d’une attention particulière :
• Les zones urbaines traitées en espace vert ;• Les zones aval de chaussées et les abords de ponts ;• Les friches industrielles en bordure de cours d’eau ;• Les berges non végétalisées ;
Ce que suggère ce relevé, c’est qu’afin de limiter la propagation de la Renouée sur des secteurs
non encore envahis, une réflexion doit être menée au préalable à toutes ces interventions dans des zonessusceptibles d’être colonisées. Ainsi, des mesures de prévention peuvent être mises en place comme unerenaturation des sites perturbés par plantation.
Dans l’absolu, il faudrait protéger les forêts qui subsistent, et ne plus modifier la dynamique
naturelle des cours d’eau par des enrochements, seuils, digues etc.…
Dans le cas de milieux à renaturer, les actions de plantations d’espèces ligneuses le long des rives
enrochées des rivières sont une première phase positive par rapport au problème global et sont parfois leseul moyen possible sur certains secteurs dans le cas par exemple de cours d’eau endigués à forteoccupation anthropique (le problème résidant dans la possibilité de création de renards dans les digues). Lors des travaux de végétalisation, une visite des stocks de terre doit permettre de s’assurer que la planten’est pas présente et un criblage de la terre est souhaitable en cas de doute.
Mais sur des zones plus éloignées des zones urbaines, des mesures plus entreprenantes peuvent
être imaginées comme une renaturation plus fondamentale des milieux alluviaux (enlèvement des seuils etenrochements, protection contre l’eutrophisation…). Mais cela exige un changement radical de mentalitéainsi que de sérieuses études d’incidence et les moyens à mettre en place seraient pour ainsi dire énormes. En outre, ils ne résolvent pas tous les problèmes inhérents aux Renouées qui peuvent se développer sur lesrives de cours d’eau ou dans les forêts pionnières à saules. Les moyens de luttes actives sont doncnécessaires. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Le manque d’information de la population sur les restrictions imposées à l’introduction de la
renouée dans nos régions est sans doute responsable encore de nos jours de la création de nouvellespopulations. Dans les régions infestées, un rappel de la réglementation pourrait être bénéfique. « Préservation du patrimoine biologiqueArt. L. 211-3 (L. no 95-101, 2 févr.1995).- Afin de ne porter préjudice ni aux milieux naturels ni à la faune et à la flore sauvages, estinterdite l'introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence :1 de tout spécimen d'une espèce animale à la fois non indigène au territoire d'introduction et nondomestique ;2. de tout spécimen d'une espèce végétale à la fois non indigène au territoire d'introduction et noncultivée ;3. de tout spécimen de l'une des espèces animales ou végétales désignées par l'autoritéadministrative.Toutefois, l'introduction dans le milieu naturel de spécimens de telles espèces peut êtreautorisée par l'autorité administrative à des fins agricoles, piscicoles ou forestières ou pour desmotifs d'intérêt général et après évaluation des conséquences de cette introduction.Dès qu'une infraction est constatée, l'autorité administrative peut procéder ou faire procéderà la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de l'espèce introduite.Lorsqu'une personne est condamnée pour infraction aux dispositions du présent article, letribunal peut mettre à sa charge les frais exposés pour la capture, les prélèvements, la garde ou ladestruction rendus nécessaires.Un décret en Conseil d'État précise les conditions d'application du présent article. »Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion4) lutte active contre la Renouée du Japon a) Introduction
Le sujet de la lutte contre les renouées est des plus délicats. En effet, quasiment tous les auteurs
s’accordent à dire que la gestion de la Renouée est une entreprise hasardeuse, onéreuse et parfoisimpossible. Cependant, des orientations peuvent être dégagées des précédentes expériences menées sur cesujet. On notera que des essais de lutte sont encore testés de nos jours (pour exemple l’associationECHEL). b) Les moyens de luttes inefficaces ou réprouvés par les auteurs
Exemple cité dans le mémoire de Mselle JAGER (1994) : Monsieur BISELX du CSP des Vosges a réalisé des essais en jardin. Une tranchée de 0,7 m a été creusée, la terre triée, les rhizomes retirées et les rejets arrachés. Selon cette étude la disparition des Renouées a été effective au bout de trois ans. Cette méthode semblait donc efficace mais laborieuse et utilisable sur de petites populations ponctuelles.
Cependant selon l’étude synthétique de J.P Palmer (Ecology and management of invasive riverside
plants, 1994), ce travail bien qu’intensif est insuffisant sans l’adduction d’une autre méthode pour éradiquer les populations de Renouées. Il émet cependant une réserve au cas où le sol serait complètement exploré (ce qui est improbable).
Pour l’agence de l’eau Rhin-Meuse (1997), c’est un traitement fastidieux qui n’a pas donné de résultats concluant. En effet, de nouvelles pousses de jeunes Renouées sont apparues dès l’année suivante à partir du rhizome souterrain qui peut atteindre plusieurs mètres dans le sol (rappel). Selon eux, ce traitement ne peut se concevoir qu’en cas de nouvelle implantation d’une population de jeunes Renouées.
Le site Internet www.espacerivière.org insiste quant à lui sur la taille des rhizomes et leur
profondeur ce qui rend l’application de cette méthode improbable. Notes complémentaires :
Cette méthode, si elle est appliquée, doit tenir compte de l’extraordinaire capacité de rejet de le
plante (un morceau de 0,7 g de rhizome peut rejeter). Ceci implique un matériel adapté (tamis, griffe…) etdes précautions d’intervention garantissant le ramassage de tous les éléments (tiges, rhizomes), leurstockage dans des lieux sécurisés et leur destruction après séchage.
Cette méthode semble n’être applicable qu’à de petits massifs récents de Renouées où les rhizomes
et racines sont peu développés. On proscrira cette méthode des abords de cours d’eau pour son impactsur la fragilisation des berges.
Employé seul, l’arrachage des rhizomes laisse un secteur vierge de végétation propice à la
réimplantation immédiate de la Renouée. De ce fait, en cas de mise en œuvre, des mesures préventivesdevront être proposées en fonction du secteur envisagé. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Devant l’unanimité des auteurs, cette méthode ne sera pas envisagée dans cette étude. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
ii. Piétinement ou pâturage par les animaux
L’étude de Melle JAGER fait état d’un pâturage et piétinement par des moutons qui aurait limité la
croissance des Renouées à 0,5 m de hauteur (voir stratégie stress-tolérant et capacités régénératrices). Ladisparition des Renouées serait effective au bout de cinq ans.
L’étude agence de l’eau Rhin-Meuse (1997), précise quant à elle que le pâturage nécessite un
pacage 3 à 4 fois par an avec une vingtaine d’animaux et compare ses effets à celui de la fauche.
Cependant, cette méthode est peu applicable le long des voies de communication (voies ferrées,
sentier…) ou à proximité du lit d’un cours d’eau, le piétinement des animaux pouvant provoquer desdéstabilisations de berges. Elle est en revanche applicable sur le reste du lit majeur.
Cette méthode ne sera pas testée dans cette étude.
Certains auteurs signalent que la fauche répétée n’est pas synonyme de réussite dans l’éradication
de la Renouée. Dans certains cas et en l’absence de données précises, des organismes informés de lanuisance des Renouées asiatiques peuvent recommander, notamment à des équipes d’entretien, une fauchesystématique des massifs sans pour autant prévoir de gestion à long terme.
Cependant pour des raisons pratiques, une équipe d’entretien ne passe pas forcement assez
régulièrement pour avoir un impact sur la plante qui dispose de moyen de régénération important. Cetteaction, loin de nuire d’une quelconque façon à la plante, permet au contraire sa dispersion et sa proliférationnotamment le long cours d’eau.
iv. La couverture du sol par géotextiles
Cette méthode consiste en la pose d’une géo-nappe sur le sol. C’est une trame textile
biodégradable dont le rôle principal est de stabiliser le sol (surtout utilisé en zone d’érosion) qui disparaît aubout de quelques années.
Cela peut s’avérer efficace mais coûte cher (à partir de 17 F / m 2) et élimine toute la végétation
présente ce qui n’empêche pas la renouée une fois le géotextile dégradé de revenir si cette méthode n’estpas combinée à une renaturation des sites. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionc) Les moyens de luttes uniques, efficaces au moins partiellement selon les auteurs.
i. Le premier moyen de lutte : la coupe répétée
Selon Baker (1988) (dans A.Schnizler, Ecologie, biogéographie et possib…,1997), une population
locale de Renouée ne peut être éradiquée que s’il y a coupe tous les 15 jours pendant toute la période devégétation pendant 2 ans.
Selon une étude phytosociologique de Schwabe (dans Répartition, écologie…, C.JAGER) en
Allemagne (1991), une fauche répétée (plusieurs fois par an pendant cinq ans) sur des sites dominés par laRenouée du Japon permettrait une augmentation de la diversité spécifique.
Sur un premier site après cinq ans de fauche :
Epilobium tetragonum ; Dactylis glomerata ; Galium album ; Plantago lanceolata ; Achillea millefolium ;Saponaria officinalis ; Trifolium pratense ; Silene cucubalus ; Deschampsia cespitosa ; Campanularotundifolia ; Achille ptarmica ; Glechoma hederacea ; Lotus corniculatus ; Aster lanceolatus ; Astertradescantii ; Rumex obtusifolius.
Epilobium tetragonum ; Dactylis glomerata ; Galium album ; Plantago lanceolata ; Geum urbanum ;Impatiens glandulifera ; Filipendula ulmaria ; Scirpus sylvaticus ; Digitaria sanguinaris ; Cerastiumholosteum ; Potentilla sterilis ; Brachypodium sylvaticum ; Festuca rubra.
Selon Adler (1991) (dans Répartition, écologie…, C.JAGER), la fauche, notamment celle
effectuée avant la fructification en automne, permet d’une part de limiter l’expansion du néophyte et peut, àplus long terme, entraîner une baisse de la biomasse de ses organes de réserve.
Selon les conclusions de l’étude de A.Schnizler (Ecologie, biogéographie et possib…,1997), les
• Augmentant la densité des tiges : due à une levée de néo-bourgeons des rhizomes. • Diminuant la hauteur et le diamètre des tiges : due à un épuisement des réserves dans
La vitalité moindre des plantes l’année suivante s’explique par un taux de réserves inférieur à celui
d’une plante non fauchée. Deux fauches par an sont donc insuffisantes pour éradiquer la plante. Lesexpériences menées par la D.D.A.F. du Haut-Rhin et l’association d’études et chantiers de Lorrainepréconisent 6 à 8 fauches par an pendant 4 à 7 ans pour éliminer l’espèce. L’étude signale, en outre, quel’impact des fauches peut être plus marquant en condition de stress importants (pauvreté du milieu ouconcurrence.)
Le site espace-rivière ajoute, quant à lui, la nécessité d’une récolte totale de la biomasse fauchée, le
moindre fragment pouvant aboutir à la reconstitution d’un organisme complet. Le coût total d’une opérationpeut varier entre 9 et 90 F / m 2 /an selon les conditions. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionNotes complémentaires :
Selon la bibliographie, la méthode par fauches répétées semble obtenir des résultats si elle est
appliquée durant un laps de temps variant de 2 à 7 ans à une fréquence de 1 ou 2 fois par mois pendant lapériode de végétation. Cependant, cela représente non seulement un investissement financiermaiségalement en temps. De ce fait, elle n’est pas applicable à tous les cas de figure.
Au niveau pratique, une telle méthode est difficilement applicable sur de grand linéaire de cours
d’eau où l’entretien, sans plan de gestion intégré de la renouée, est ponctuel (en fonction d’un planning). Mais il est envisageable bien que contraignant sur des réserves naturelles de taille modeste disposant depersonnel de gestion ou sur les secteurs urbains disposant d’équipes d’espaces verts.
L’ensemble des auteurs s’accorde sur l’utilisation du glyphosate dans le cas des Renouées. Dès
1994 (dans Répartition, écologie…, C.Jager), il a été recommandé dans la lutte contre la Renouée.
Le glyphosate est un herbicide de synthèse industriellement commercialisé sous le nom de Round-
up. Il a l’avantage d’être homologué en milieu aquatique car non rémanent. Cet herbicide, classé irritant etappliqué par pulvérisation classique permet l’élimination des végétaux qui lui sont sensibles (Roseaux,joncs, euphorbes, renoncules…). Cette pulvérisation se fait de juillet à mi-octobre pendant la floraisondonc pour la Renouée fin-septembre à hauteur de 6 à 9 l / Ha.
La molécule agit par absorption foliaire et stockage dans les racines et est libérée dans
l’atmosphère sous forme de métabolites instables et non rémanents dans les sols. S’il est utilisé en milieuaquatique, il est rapidement hydrolysé et libère un peu de phosphore (Phulpin, 1996)
Malgré l’homologation en milieu humide, l’emploi de ce phytocide à proximité des cours d’eau
nécessite des précautions d’emploi importantes et ne peut être considéré comme une technique à employerdans tous les cas et à grande échelle. En outre, le glyphosate n’est pas sélectif et détruit la flore autochtonenotamment ligneuse, si elle est aspergée par le produit.
Cependant dans le cas de populations rudérales de Renouées, son emploi est envisageable sans
La littérature fait mention d’autres produits :
o Produits sélectifs : picloram, dicamba (Beerling, 1990)o Produits non sélectifs : Imapazyr et chlorate de sodium
mais ces produits rémanents sont à proscrire près des cours d’eau. Notes complémentaires :
Sa seule application serait d’une efficacité relative et ne détruirait pas l’ensemble des populations
(quoique les auteurs aient des opinions divergentes à ce sujet). En outre, n’étant pas sélectif et utilisé
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
massivement sans discernement, les risques que la Renouée soit la première à recoloniser ces milieuxvierges de toute végétation sont importants. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestiond) Les moyens de luttes combinés
i. La renaturation des milieux par plantation
La plantation ne peut être utilisée seule car les essences plantées ne pourraient pas se développer
sur des sites envahis par la Renouée (gigantisme, couverture foliaire et substances allélopathiquesempêchent tout développement d’autres végétaux sur un site envahi). De ce fait, Les plantations doiventêtre combinées à d’autres méthodes de lutte dans le but de permettre leur développement.
Les méthodes varient en fonction des auteurs mais de nombreuses solutions sont envisageables
(fauches répétées, herbicides, géotextiles).
(dans Répartition, écologie…, C.Jager, 1994) : Essais dans le Haut-Rhin et dans la vallée de la
Fave (1993) où trois espèces de saules (Salix viminalis, alba et fragilis) ont été implantées (plants de 1,5m). Il semble que Salix alba et viminalis se soient bien développés. Tandis qu’un essai avec le robinier n’apas donné de résultats.
(dans A.Schnizler, Ecologie, biogéographie et possib…,1997) : L’étude a montré des résultats peu
encourageants, les saules installés ayant mal supportés la plantation (1/3 des saules ayant fait des racinesmais 97 % ont repris). Le problème réside dans le fait que les saules n’empêchent pas la réinstallation de laRenouée dans les sites les plus favorables.
(dans Répartition, écologie…, C.Jager, 1994) : Essai sur les rives de la Seille à Magny, avec
replantation de Salix fragilis et Fraxinus excelsior par les services de la voirie. Ceci fût réalisé sur substratbasique et relativement fin
La Compagnie Nationale du Rhône (1998), signale d’après ses résultats que les ronciers et le saule
blanc si ils sont suivis par le gestionnaire peuvent prendre le dessus sur la Renouée. Notes complémentaires :
La renaturation des sites est sans doute un moyen de lutte adapté mais pour une efficacité
maximale, elle est recommandée en milieu alluvial peu envahi dans des conditions de milieu peu favorable àla Renouée (terrain neutre, calcaire ou argileux…) ou dans des formations végétales susceptibles decombattre l’invasion. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
ii. La combinaison fauche – désherbage chimique
Les avis sont partagés sur les modalités d’application de cette technique composite mais elle
semble emporter l’adhésion d’une majorité de gestionnaires.
Selon Shaw (1996) et Phulpin (1996) (dans A.Schnizler, 1997), Le glyphosate est utilisé en
Grande -Bretagne à hauteur de 1,8 Kg / ha lorsque la plante atteint 1 m (soit au cours du mois de mai). Lestiges aspergées sont fauchées trois semaines après pour permettre une application ultérieur en juillet – août. Il faut répéter l’opération pendant 2 à 3 ans.
L’étude indique néanmoins que l’herbicide n’est à utiliser qu’en tant que complément à la fauche sur
les zones à haute invasibilité pour limiter le développement de la plante. Mais ne doit pas être un moyen delutte systématique.
F.Réaubourg (pour le Syndicat Intercommunal de la Vallée de l'Orge Aval, site de l’association
gondwana) signale le cas d’étude de L.C De WAAL (1995) sur une monoculture de Renouée. L’objectifétant de tester durant 3 année (1991 à 1993) le contrôle de la plante par pulvérisation de glyphosatecombiné à un adjuvant (2% mixture-B).
Cette étude stipule, elle aussi, une application dans le courant du mois de mai (lorsque la surface
foliaire est suffisamment développée et que la taille des plantes ne gênent pas le traitement). Il est pratiquédans un premier temps avec une lance de 2 à 4 m de long à hauteur de 5 l / ha de produit pour 180 à 200 l /ha d’eau. Puis lors des applications suivantes (soit en juin pour la première année) grâce à un pulvérisateurportable équipé d’une buse à faible sortie. Cette méthode aurait donné des résultats satisfaisants decontrôle à 99%.
La coupe est ici recommandé en préalable à la pulvérisation dans le cas de grande population qui
impliquerait un travail laborieux et onéreux ou en palliatif en cas d’impossibilité climatique de traiter. Dansce dernier cas, ils recommandent une coupe après la mi-août.
Après quelques années une pelouse ou strate herbacée peut se développer il convient alors
d’utiliser un herbicide sélectif afin de préserver ces acquis (ceci étant délicat à proximité d’un cours d’eau :l’herbicide sélectif doit être homologué milieu humide).
Contrairement au premier cas d’étude, l’herbicide serait ici le dispositif principal de lutte.
La Compagnie Nationale du Rhône (1998), organise sa gestion selon un protocole coupe-
aspersion tandis que l’université de Grenoble utiliserait aspersion-coupe (confère pages suivantes). Mais laCNR stipule que l’éradication totale des peuplements de Renouée par cette méthode semble utopiquemalgré les bons résultats.
En coupe-aspersion, l’analyse des densités sur les sites ferait passer de 40 unités par m 2 à 1 unité
par m 2 mais il n’est pas stipulé dans quelles conditions de milieu se situent les Renouées.
En aspersion-coupe, les résultats seraient meilleurs encore, la coupe permettant de concentrer
l’effet du principe actif sur le rhizome. La plante, dans le cas inverse, diluerait le produit dans les nouvellespousses.
Cependant, malgré les résultats encourageants des trois premières années où les sites sont
recolonisés par une végétation autochtone et diversifiée. La quatrième année voit la réimplantation de laRenouée sur la plupart des placettes à partir de pieds ayant résistés aux traitements (soit 30 à 50 % dessurfaces recolonisées). Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionSelon leurs conclusions, cette méthode serait efficace ponctuellement permettant de rompre la dominance de le Renouée mais ne permettrait pas de déclencher un cycle naturel conduisant à l’éradication de la Renouée. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionTraitement recommandé par L’université de Grenoble Traitement chimique à base de glyphosate Procédure
15 jours après l’apparition des premières tiges. Comment :
Traitement chimique avec du glyphosate (Round-up biovert aqua)A la dose de 6 l / ha
Traiter le soir avant la tombée de la nuit par aspersion de l’ensemble du feuillage.
2 mois après le premier traitement. Comment :
Traitement chimique avec du glyphosate (Round-up biovert aqua)A la dose de 6 l / ha
Traiter le soir avant la tombée de la nuit par aspersion de l’ensemble du feuillage. Pourquoi :
Ce deuxième traitement est nécessaire pour inhiber et détruire les bourgeons qui nesont pas ou peu touchés par le premier traitement.
2 mois après le deuxième traitement chimique. Comment : Pourquoi :
La coupe permet de concentrer l’action du glyphosate sur le rhizome. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionEtude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestione) discussion sur les moyens de lutte et décomposition des actions
Bien que de nombreuses études aient été menées, il semble qu’aucune n’ait mis à jour de moyen
infaillible d’éradiquer la Renouée du Japon. Il semble qu’une fois installée et même après une quasidisparition de l’ensemble des sujets, elle parvienne à recoloniser les sites soit par individus résistant soit parréimplantation. Ceci s’explique par toutes les raisons évoquées dans cette étude en ce qui concerne sanature de compétiteur mais aussi par le fait que sa propagation est grandement facilitée par les activitésanthropiques et par le manque de compétiteurs en Europe. Le fait qu’elle se développe sur les plainesalluviales ne facilitent pas les tentatives de gestion qui la concerne.
Une tentative de gestion par contrôle de la densité semble tout aussi utopiste étant donné la
tendance de la Renouée à former des massifs monospécifiques
La lutte contre la Renouée semble dépendre d’un certain nombre de variables à intégrer pour
EVALUATION :
• La gestion des espèces invasives a un coût qui selon les cas peut être important. De ce fait,
et afin d’éviter d’engager des actions onéreuses et aléatoires. Un calcul du degréd’invasibilité (Suivant un protocole établi en III/) doit être mené afin de justifier d’uneintervention.
• Dans ce but, un état inventaire des populations de Renouées doit être établi pour juger de
la répartition globale de la Renouée et déterminer les zones sensibles à l’invasion d’unterritoire donné.
• Une évaluation du degré d’invasion de chaque site sera établie afin de juger de la nécessité
• Dans le cas d’un niveau d’invasion fort, une analyse du milieu est nécessaire afin de
déterminer quel est le niveau de vitalité des populations et juger de l’importance desméthodes à employer. Si le milieu est propice au développement de la Renouée (substratacide, grossier et plutôt eutrophe) et qu’elle est bien développée, l’éradication sera sansdoute utopique.
• Les caractéristiques du milieu restreindront les moyens à la disposition des gestionnaires
(ex : moyens chimiques à proximité d’un cours d’eau). Plus un milieu sera sensible et plusles techniques à employer devront être sélectives. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionCHOIX D’UNE METHODE EN FONCTION DU MILIEU ET DE LA VITALITE:
1. Le milieu est rudéral (sentier communaux, talus, voies ferrées…) ou anthropique
Toutes les méthodes pourront être envisagées à partir du moment où les précautions de luttes sont
respectées. Une attention particulière est à porter sur l’environnement immédiat de la Renouée. Uneméthode pourra être préférée à une autre selon les possibilités du site et des gestionnaires.
Afin d’éviter une propagation par le public fréquentant ces milieux (notamment les sentiers) une
signalisation des effets pervers de la Renouée doit être mise en place.
La méthode par coupe-aspersion selon le protocole de l’université de Grenoble semble d’un meilleur
rapport coût-efficacité dans ces situations. Dans le cas d’équipe d’entretien passant fréquemment sur lessites envahis, la technique de sape des réserves de la Renouée par coupe peut être préférée (sachant quedans ce cas l’éradication pourra être longue voir impossible et que les matériaux fauchés doivent êtrerecueillis et détruits). Le but est de rétablir à terme une végétation naturelle autochtone sur ces milieuxstressés en accentuant la pression sur les Renouées.
Les aménagements en milieu à risque d’invasion devront faire l’objet de mesures afin d’éviter
l’implantation de la plante sur ce milieu neuf (plantation/information). 2. Les plaines alluviales
Ce sont des milieux très accueillants pour les Renouées asiatiques (ou plantes invasives allochtones
variées), ceci d’autant plus si ces milieux ont fait l’objet d’aménagements ou sont soumis à des pressionsanthropiques fortes.
Les problématiques de lutte sont ici différentes. En effet, les cours d’eau sont des milieux plus
sensibles et plus difficiles d’accès pour les équipes d’entretien. En outre, en fonction du linéaire de coursd’eau, les équipes d’entretien n’auront peut être pas la possibilité d’une action soutenue de lutte contre laRenouée. C’est dans ce cas plus particulièrement que l’estimation de la nécessité d’intervenir prend toutesa dimension.
Si l’intervention est d’ordre prioritaire alors un plan d’action à l’échelle de l’ensemble du territoire
On délaissera les interventions d’ordre chimique (sauf en cas d’invasion très forte (larges espaces
monospécifiques)), au profit d’interventions localisées en fonction d’un gradient d’invasion et selon unelogique d’amont vers l’aval.
La renaturation des sites combinée à une fauche précautionneuse (permettant la reprise des végétaux)
semble être la solution la plus acceptable dans ces conditions et la moins contraignante à long terme pourles équipes d’entretien. SURVEILLANCE ET ENTRETIEN DES SITES: Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Même après un succès dans l’éradication de certains sites, une surveillance est à maintenir pendant
au moins cinq ans avant d’être sûr que la Renouée ne va pas se réinstaller. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestione) Les méthodes expérimentales La lutte biologique :
Elle utilise des consommateurs spécialisés de l’espèce invasive, comme des insectes herbivores ou
des pathogènes fongiques (exemple de pathogène : Phytophthora de l’aulne).
En ce qui concerne la Renouée et selon la littérature internationale, des recherches ont été menées
sur les invertébrés phytophages, notamment au Japon et en Angleterre (Ex : Gallerucida nigromaculata(originaire du Japon)). Un programme d’étude est en cours à L’International Institue of Biological Controlen Angleterre.
Il a aussi été question de recherches sur des composés phytotoxiques issus de champignons
(Strobel, 1991 dans A.Schnizler, 1997). L’université du Montana aurait isolé 25 phytotoxines différentesqu’il suffit de pulvériser comme un herbicide classique. Notes complémentaires :
Le problème réside dans les incertitudes en terme d’impact sur le milieu qu’engendrent de tels
Ces recherches (déjà engagées depuis un certain temps en Angleterre) pourront prendre encore
quelques années avant d’aboutir à des résultats concluant et sans risques pour la santé humaine et lavégétation autochtone. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionSOMMAIRE III/ ESSAIS DE GESTION SUR L’ANCIENNE VOIE FERREE FREVENT - AUXI-LE-CHATEAU 1) Descriptif de la zone d’étude b) données topographiques et historiques c) Données écologiques d) Descriptif de l’équipe d’entretien sur la voie ferrée e) Descriptif des populations locales de Renouée 2) Propositions d’essais de gestion (lutte et veille)
i. La méthode par dessiccateur alternative à la faucheii. La méthode chimique par application fineiii. Renaturation de site
3) Descriptif des sites (1 à 9) et propositions de gestion adaptées à la situation et proposition de suivi de la gestion en fonction des réalisations de A.I.L.E.S. CONCLUSION Bibliographie Personnes ressources Sites Internet sur le sujet des Renouées asiatiques Glossaire Annexes Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionIII/ ESSAIS DE GESTION SUR L’ANCIENNE VOIE FERREE FREVENT-AUXI-LE-CHATEAU 1) Descriptif de la zone d’étude a) données topographiques et historiques (Voir localisation de l’ancienne voie ferrée page suivante)
La zone étudiée comprend une section d’ancienne voie ferrée reconvertie en chemin de randonnée
qui s’étend d’Auxi-le-Château à Frévent. Hors des zones alluviales, la ligne repose sur les limons deplateaux à silex sur la plus grande partie du tracé ou coupe les couches crétacées crayeuses à la faveur desvallons. Le substrat est donc d’une façon générale plutôt basique ou proche de la neutralité.
Le paysage traversé, caractéristique de cette région est une alternance de grandes cultures sur les
plateaux entrecoupés de petits vallons encaissés où le bocage tient encore une place importante.
Notre attention a été retenue par ce site en raison de son entretien par l’association AILES
(Association Insertion Locale Environnement Service) et des difficultés rencontrées par le chef de l’équiped’entretien dans la lutte contre la Renouée (voir cartographie des sites P 39).
Nous nous trouvons dans une situation de type rudéral nitrophile où la Renouée adopterait une
stratégie stress-tolérante pour lutter contre les entretiens réguliers. Le substrat à tendance basique/neutreindique que la Renouée ne serait pas dans des conditions de milieu favorables à la mise en place d’unestratégie de compétiteur et n’aurait pas une vitalité maximale. b) Données écologiques
En 1992, une étude du Centre Régional de Phytosociologie « Etude écologique des talus de la ligne
SNCF d’Auxi-le-Château à Rebreuviette – Méthodologie pour un état initial et propositions de valorisationpour une gestion écologique intégrée », signalait déjà la présence de la Renouée en la classant dans legroupement végétal des plantes rudérales et estimait sa présence assez commune sur le site (en typed’habitat friche).
Ces végétations s’observent aux abords des zones habitées ou à proximité des zones d’activité
La friche la plus commune est la végétation rudérale nitrophile à patience à feuilles obtuses (Rumex
obtusifolius) : l’Heracleo-Rumicetum obtusifolii. On la rencontre principalement aux abords des fermes etautour des dépôts de détritus qui jonchent parfois la voie ferrée.
Au contraire des autres friches (calcicole xérophile, calcicole mésotrophe…), elle se caractérise
par une floraison terne et discrète. On y reconnaîtra la Patience à feuille obtuse, la grande ortie, l’Armoisecommune (Artemisia vulgaris), le Liseron des haies (Calystegia sepium), la Cirse des champs (Cirsiumarvense) et la Berce (Heracleum sphondylium) principalement, qu’accompagnent parfois des xérophytescomme la Renouée du Japon qui forme souvent des colonies pures. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionc) Descriptif de l’équipe d’entretien sur la voie ferrée
L’ancienne voie ferrée Auxi - Frévent appartient au conseil général du Pas-de-Calais (sauf un petit
secteur appartenant à la commune de Frévent). Le conseil général a confié la gestion de ce parcours àl’association A.I.L.E.S. (Association Insertion Locales Environnement Service) sous forme d’uneconvention renouvelable annuellement.
La voie est entretenue par une équipe composée de :
Un responsable assermenté (en CDI à plein temps)Deux personnes en Contrat Emploi Consolidé (C.E.C.)Et parfois de une ou deux personnes en Contrat Emploi Solidarité (C.E.S.)
La charge du responsable consiste en la gestion et le gardiennage du site (en relation avec les
acteurs locaux : communes, sociétés de chasse…), soit :
- entretien du cheminement du sentier ;- Entretien des aménagements mobiliers bois ;- Relation avec les riverains ;- Surveillance du site (fréquentation, utilisation d’engins motorisés, prélèvements de
- Tonte, débroussaillage des abords ;- Assurer la sécurité sur le site (chasse…). d) Descriptif des populations locales de Renouée
Selon le responsable de l’entretien du site, de nombreux massifs sont à signaler le long de l’ancienne
voie ferrée. On distingue le long de la voie, des trouées dans la végétation du bord du sentier. La végétationarborée a disparu au profit de massifs monospécifiques de Renouées.
La taille de ces massifs est variable de 15 m 2 à 500 m 2. Ils occupent tout l’espace ne laissant que
peu de place aux autres espèces. On remarque quelques pieds de ronce, d’ortie ou de gouet tacheté àl’intérieur des massifs (début mars 2001).
Et en périphérie de ces massifs (début mars 2001), on retrouve des plantes de type rudéral
- Urtica dioica (neutronitrocline, hygrocline de demi-ombre)- Lamium album (neutronitrocline de demi-ombre)- Arum maculatum (neutronitrocline, mésophile à hygrocline, d’ombre)- Rubus sp. (neutrocline, mésohygrophile de demi-ombre)- Ranunculus ficaria (neutronitrocline, hygrocline, d’ombre ou demi-ombre)…. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionEtude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion2) Propositions d’essais de gestion (lutte et veille)
i. La méthode par dessiccateur (alternative à la fauche)
Utilisation d’un appareil qui détruit la masse foliaire par brûlage (TypeDESSICAGAZ, appareil thermique). Confère descriptif en annexe.
Une coupe du matériel végétatif lignifié de l’année précédente doit être effectuéependant l’hiver afin de permettre le traitement sans trop de gêne.
La plante doit être brûlée en début de période végétative sur des pieds de tailleraisonnable (50 cm à 1 m) et le protocole recommencé 1 mois plus tard commepour la fauche répétée.
Cette méthode n’est, à priori, applicable que sur de petites populations localeslorsque la végétation herbacée existante sous les Renouées présente un faiblerecouvrement.
Mi à fin mars = 1 ère coupe quand la Renouée atteint une taille suffisante.
A priori, cette méthode devrait avoir les mêmes effets que la fauche sur les
Renouée mais elle présente l’avantage d’affaiblir les réserves de la plante sansrisquer une expansion végétative par les tiges ou morceaux de rhizomes arrachéslors des fauches.
Des précautions particulières doivent être prises afin de ne pas brûler la végétationautochtone.
ii. La méthode chimique par application fine
Utilisation d’une seringue pour inoculer le glyphosate dans la plante.
Une coupe du matériel végétatif lignifié de l’année précédente doit être effectuéependant l’hiver afin de permettre le traitement sans trop de gêne.
Cette méthode n’est, à priori, applicable que sur de petites populations locales deRenouées.
L’intervention est à pratiquer en fin de période végétative à sève descendante afinde concentrer l’action du principe actif sur les rhizomes qui sont l’objectif si l’onveut se débarrasser relativement rapidement de la Renouée.
Ceci est un essai afin de déterminer si le traitement au glyphosate n’aurait pas
plus d’impact si appliqué en fin de période végétative. Ce mode d’inoculation présenterait l’intérêt de rendre plus sélectif un produit qui nel’est pas. Cette méthode peut être couplée avec la méthode de l’université de Grenoble encours de saison végétative. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Un résultat d’éradication positif pourrait permettre aux particuliers ou aux servicesespace verts de se débarrasser facilement des populations qui envahissent lesjardins.
Utilisation de plants d’une taille déjà respectable. Les essences à sélectionner peuvent être variées en fonction du type de milieu danslequel les plantations sont effectuées.
Une coupe du matériel végétatif lignifié de l’année précédente doit être effectuéependant l’hiver afin de permettre la plantation.
Cette méthode est applicable et à appliquer dans de nombreux cas, en particuliersur des sites envahis de relative importance (à partir de 2 à 300 m 2).
L’intervention est à pratiquer en hiver après la fauche du matériel végétatif lignifiédes Renouées.
Cette méthode permet la renaturation de sites qui ont eu à subir une
perturbation, ex : Coupe à blanc ou déracinement d’une série d’arbres).
A long terme, une intervention de ce type semble plus intéressante pratiquement etdéontologiquement.
Cette méthode peut être couplée avec la méthode de l’université de Grenoble encours de saison végétative dans l’année qui précède la plantation afin d’affaiblir laRenouée dans un premier temps.
Les essences à planter devront être choisies en fonction de leur vitesse decroissance (permettant rapidement de dépasser la Renouée) et l’importance de leurcouverture foliaire. On privilégiera une plantation mixte haut jet/taillis ou on planterade façon dense (tous les 1,5 à 2 m).
Un entretien régulier de la végétation sous la plantation doit être effectué au moinsdans les premières années.
Le fait de choisir diverses essences permettra de définir les plus à même de luttercontre la Renouée.
Il peut être intéressant en complément des plantations ligneuses de semer desherbacées dans le but d’accélérer la recolonisatioon des milieux envahis. Ceciaurait comme avantage d’augmenter la compétition interspécifique (ex : avec dessemis en mélange prairie rustique).
Sur les sites testés, on ne traitera plus au Round-up. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestionDescriptif des sites (1 à 9) et propositions de gestion adaptées à la situation et proposition de suivi de la gestion en fonction des réalisations de A.I.L.E.S.
Localisation sur carte I.G.N. 1 / 25000 avec des détails pour le repérage.
Descriptif de l’environnement du site avec des remarques concernant les points particuliers.
surface géométrique approximative de la population
sur un secteur homogène proche du centre de massif
sur des tiges moyennes issues d’une touffe de pieds représentative
Relevé exhaustif de la végétation présente dans et aux abords du site.
Compte-rendu des facteurs importants en terme de définition de la vitalité de la population de
Renouée ou de mise en pratique des mesures de gestion.
Préconisations d’action à entreprendre :
Propositions d’actions intéressantes à mettre en place étant donnés les facteurs particuliers de
Alnus glutinosa (L) Gaertn (aulne glutineux)
Crataegus monogyna Jacq. (aubépine)
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Sur l’ancienne voie ferrée Auxi-le-Château – Frévent (commune d’Auxi-le-Château), le long de la D938 à hauteur de la limite communale avec Beauvoir-Wavans.
Ce sentier de randonnée pédestre bordé d’arbres (principalement frêne, sureau, aulne, bouleau…),
est relativement ombragé et présente un faible recouvrement herbacé. Une coupe à blanc a été effectuée surun des talus sur un linéaire de 50 m le long du sentier. La Renouée occupe la totalité du talus sur ce linéaireentre le sentier et le champs cultivé de l’autre coté (voir photographies).
Surface : 400 m 2 (8 m largeur x 50 m longueur)Densité : 10 à 15 pieds / m 2Diamètre moyen : 2,5 cmTaille moyenne : 2,5 à 3 m
Faible couvert herbacé, couverture arborée sur les abords de la
Arbustive et arborée Herbacée Arum maculatum L. (Gouet tacheté)
Fraxinus excelsior L. (frêne)Urtica dioica L. (grande ortie ou ortie dioïque)
Geranium robertianum L. (Herbe à Robert)
Crataegus monogyna Jacq. (aubépine)Glechoma hederacea L. (lierre terrestre)
Galium aparine L. (gaillet gratteron)
Corylus avellanaL. (noisetier)
Divers Souches d’arbres
Il faut maintenir un libre passage sur le sentier et ne pas gêner l’exploitation culturale. La Renouée
n’est pas présente dans les abords immédiats du site (ombrage important et concurrence).
Préconisations d’action à entreprendre :
Etant donné la surface à gérer, une plantation peut être envisagée (frêne, aubépine, saule
(éventuellement herbacées)). La vigueur du massif étant relativement importante, un traitement préalable la
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
première année, selon la méthode de l’université de Grenoble, peut être envisagée pour affaiblir la population(confère page 32 et technique de renaturation). Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
(vérification des impacts potentiels d’une fauche ponctuelle)Localisation :
Ce site se situe au croisement d’un chemin d’exploitation agricole, du sentier pédestre sur l’anciennevoie ferrée Auxi-le-Château – Frévent et de la D 938 (commune de Beauvoir-Wavans).
Ce site est de forme triangulaire, longé par un fossé le long de la D 938. Aucune végétation arborée ne
le borde. Il ne subsiste pas de restes lignifiés de tige de Renouée (voir photographies).
couvert herbacé 50%, couvert arboré nul
Herbacée Arum maculatum L. (Gouet tacheté) Glechoma hederacea L.(lierre terrestre)
Urtica dioica L. (grande ortie ou ortie dioïque)
Galium aparine L. (gaillet gratteron)
Geranium robertianum L. (Herbe à Robert)
Lamium purpureum L. (lamier pourpre)
La population de Renouée est soumise à une situation de stress importante due à la fréquentation de ce
site et à des perturbations annuelles par la DDE par fauchage. Le fossé est potentiellement agent de dispersionde morceau de tiges fauchées.
La diversité spécifique du site est plus importante.
Préconisations d’action à entreprendre :
Le site ne peut être planté car en dehors du domaine d’intervention de A.I.L.E.S. Ce site servira de
site témoin et pourra par la suite être traité selon le protocole de l’université de Grenoble. Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Sur l’ancienne voie ferrée Auxi-le-Château – Frévent après la traversée de la D 938 en venant d’Auxi. Le site est après la barrière et à droite (commune de Beauvoir-Wavans).
Ce site est à l’entrée du chemin de randonnée après la barrière dans une ancienne zone de dépôts de
matériaux en tous genres (remblai, béton…). La population est restreinte à un massif central de 3 ou 4 m 2 etquelques pieds en périphérie de ce massif (voir photographies).
Surface : 16 m 2(4 m longueur x 4 m largeur)Densité : 15 à 20 pieds au m 2Diamètre moyen : 2,5 cmTaille moyenne :
Faible couvert herbacé, couvert arboré moyen
Arbustive et arborée Herbacée Arum maculatum L. (Gouet tacheté)
Urtica dioica L. (grande ortie ou ortie dioïque)Geranium robertianum L.(Herbe à Robert)Galium aparine L. (gaillet gratteron)Lamium album L. (lamier blanc)Ranunculus sp. (renoncule)
Il faut maintenir un libre passage sur le sentier. Le site est moyennement ombragé et la population
petite. La population semble vigoureuse mais limitée dans son expansion.
Préconisations d’action à entreprendre :
Etant donné la petite surface à gérer et le faible recouvrement herbacé au sol, un traitement thermique
ou chimique par application fine peut être peut être envisagé sur ce site (confère techniques de gestion p 40). Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Sur l’ancienne voie ferrée Auxi-le-Château – Frévent (commune d’ Auxi), le site est à l’intersection dela D 938, d’une route secondaire et du sentier à 350 m du site précédent (commune de Beauvoir-Wavans).
C’est, une fois de plus, un site rudéral à l’intersection de plusieurs voies de communications. Un fossé
borde le site et est susceptible de propager la plante. On note la présence d’un ancien bâti et de dépôts diverssous la litière et la végétation (voir photographies).
Surface : 320 m 2Densité : Voir planDiamètre moyen : 1,5 cmTaille moyenne : 2,5 à 3 m
Recouvrement herbacée variable, recouvrement arboré variable
Arbustive et arborée Herbacée Arum maculatum L. (Gouet tacheté)
Urtica dioica L. (grande ortie ou ortie dioïque)Geranium robertianum L. (Herbe à Robert)Galium aparine L. (gaillet gratteron)Lamium album L. (lamier blanc)Ranunculus sp. (renoncule)
Maintenir le libre passage sur le sentier. Impacts paysagers à prendre en compte. On note que les
Renouées sont moins denses à l’ombre du frêne et des saules et ont sans doute contourné ces arbres pour sedévelopper des deux cotés.
Préconisations d’action à entreprendre :
Etant donné la surface à gérer, une plantation peut être envisagée (noisetier, frêne, saule
(éventuellement herbacées)). La vigueur du massif étant variable, un traitement préalable la première année,
Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
selon la méthode des fauches répétées, peut être envisagée pour affaiblir la population (confère techniques derenaturation et de fauches répétées). Etude bibliographique sur la Renouée du Japon: Ecologie, Biologie et modalités de gestion
Sur l’ancienne voie ferrée Auxi-le-Château – Frévent (commune de Fortel-en-Artois) près de fond deBoffles.
Le sentier de randonnée pédestre bordé d’arbres (principalement frêne, aulne…), est relativement
ombragé et présente un très faible recouvrement herbacé. La Renouée occupe sur ce linéaire un espacerestreint entre le sentier et le talus végétalisé (voir photographies).
Surface : 25 m 2 (5 m longueur x 5 m largeur)Densité : 10 à 15 pieds / m 2Diamètre moyen : 2 cmTaille moyenne : 1,5 à 2 m
Recouvrement herbacé quasi nul, recouvrement arboré de 40%
Arbustive et arborée Herbacée Arum maculatum L. (Gouet tacheté)
Alnus glutinosa (L) Gaertn (aulne)Urtica dioica L. (grande ortie ou ortie dioïque)
Ranunculus ficaria L. (ficaire)Hedera helix L. (lierre rampant)Geranium robertianum L. (Herbe à Robert)Lamium album L. (lamier blanc)
Il faut maintenir un libre passage sur le sentier. Cette population est soumise à des perturbations
régulières dues au piétinement des chevaux (voir au broutage des chevaux) en périphérie de son aire.
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